Envie d'apprendre

Le Projet

Publié le samedi 14 septembre 2013 19:16 - Mis à jour le mercredi 16 octobre 2013 19:54

Quelques informations sur notre projet Envie d'apprendre qui concerne l'ensemble des élèves du collège.

-le constat de départ de certains élèves qui baissent les bras dès leur arrivée au collège, et finissent par « rester » en échec malgré les différents supports ou formes d’aides (pourtant personnalisés, souvent remis en cause) ou par se réorienter en fin de 4°, dans une voie parfois non choisie. La baisse de motivation générale. L'idée pour les bons élèves que l'on travaille juste pour la note et pas pour les apprentissages.

- La réponse proposée :  la décision de subsituer les notes par l’évaluation par compétences et d'intégrer cette évaluation autour de savoir, savoir-faire et savoir être dans l'ensemble des classes.

*Un projet global qui va au-delà de la simple « suppression » des notes et qui passe par le souci de (re)donner du sens aux apprentissages ; ainsi à la rentrée chaque professeur explique, travaille à faire comprendre l’intérêt de sa discipline.

*Le travail sur l’estime de soi, en passant systématiquement par l'auto-évaluation.

Le retour à l'évaluation notée se fait en classe de 3ème, par le biais des bulletins trimestriels (les élèves restent évalués par compétences au quotidien mais ils retrouvent moyenne générale par discipline). Ils passent également 3 brevets Blancs notés sur 40 afin de se situer par rapport à l'examen final, même si ces épreuves de préparation ne comptent pas dans leur moyenne.

           -Le bilan : clairement positif pour que les équipes aient souhaité généraliser à terme à l'ensemble des classes du collège.

Du côté des élèves : les incidences nombreuses et positives pour les élèves en difficulté : pas de compétition « écrasante » avec les autres mais une compétition avec soi, ses acquis et ses manques. Une valorisation des choses sues, une évaluation qui fait plus ressortir les forces… que les faiblesses. L’élève qui a échoué à la première évaluation n’est pas pénalisé par une « mauvaise note » dans la moyenne, ce qui compte c’est ce qu’il sait faire à la fin du chapitre. La possibilité d'être réévalué, de recommencer pour montrer que l'on a compris, appris, construit durablement.
Pour les bons, une ambition intacte et beaucoup de motivation à combattre les points rouges de moins en moins nombreux au fil du temps.
Globalement sur le groupe classe, l’hétérogénéité des élèves est moins visible pour eux, ils sont et se sentent également plus autonomes (remarque faite par de nombreux parents, partagée par l’équipe).

Des élèves plus impliqués en classe, qui participent davantage aux apprentissages étant plus régulièrement évalués.

Le changement de statut de l'évaluation qui devient constructive, de l'enseignant qui accompagne les progrès. La mise en oeuvre d'un "portfolio de réussites" personnel au quotidien.

Du côté des parents : pas vraiment de parents déboussolés, les écoles du secteur travaillant déjà par compétences. De la satisfaction, car le seul enjeu de « la note » s’efface au profit d’un bilan de compétences (cas d’une élève de 6° ayant une sœur plus grande et témoignage de leur mère que le regard qui est porté sur le bilan n’est plus le même, il est clairement plus constructif, moins conflictuel).
La visibilité évidente des progrès et des difficultés : les parents trouvent la réponse à la question qui se pose toujours lors des rencontres avec les enseignants "comment faire pour que mon enfant fasse des progrès ?".

Un bulletin concis qui fait apparaître le qualitatif par domaines pour chacun des disciplines. Des appréciations qui accompagnent avec précision chaque bilan d'étape dans chacune des disciplines.

Du côté de la salle des professeurs : Après un temps d’adaptation et de nombreuses remises en questions, cette évaluation est jugée pertinente même si elle génère un travail important et également une autre façon de penser le cours à construire; il se fait de fait davantage en regard à l’évaluation qui va être proposée. Les analyses des manques des élèves sont plus « évidentes ». L’évaluation se fait au-delà de sa discipline (l’histoire-géographie évalue aussi la maîtrise de la langue), l’ensemble des enseignants valide –au-delà de leur matière - les compétences sociales et civiques et évaluent l’autonomie des élèves.

L’évaluation est donc différente, elle revêt de nombreux supports, elle est à plus large spectre et elle est quotidienne.

L'expérimentation s'est au fil du temps transformée : aujourd'hui, nous savons qu'évaluer sans noter est possible, ce que nous cherchons à faire c'est enseigner par compétences. La poursuite de ce chemin se fait nécessairement dans le cadre des liaisons inter-cycles. Différents projets avec les écoles et lycées du secteur sont mis en oeuvre afin de faire tendre nos pratiques d'évaluation.

Nous observons que cette expérimentation est « contagieuse » à d’autres établissements : le collège de Riscle évalue désormais ses élèves par compétences en 6ème et 5ème, le collège de l'Isle-Jourdain le fait également en 6ème. Le Lycée français de Londres évalue ses 6èmes par compétences depuis 2 ans...

L'équipe du collège est consciente qu'ENVIE d'APPRENDRE reste un chemin, un biais (une entrée importante tant la note reste intelligible de tous, inscrite dans l’histoire des parents, des représentations scolaires… dans une société où la compétition commence à l’école…) au service de la réussite des élèves qui sont en pleine « construction » au collège. Il est d'autres chemins mais pour nous l'envie d'apprendre mène sans aucun doute au plaisir d'enseigner.

Lien : Question d'éducation, Chronique d'Emmanuel DAVIDENKOFF

France Info, Vendredi 16 septembre 2011